Xavier Dupont de Ligonnès : qui était-il avant de devenir suspect numéro 1 ?

Nous sommes mi-avril 2011, il y a tout juste 10 ans. Au 55 boulevard Schuman à Nantes, les volets de la maison des Dupont de Ligonnès, un couple et leurs 4 enfants, sont étrangement clos.

Quelques jours après le signalement de leur disparition, le 21 avril 2011, sous la terrasse de leur jardin, les enquêteurs découvrent deux fosses. Là sont enterrés cinq corps : ceux d’Agnès et de ses enfants Arthur, Thomas, Anne et Benoît. Xavier Dupont de Ligonnès, le père, est introuvable.

"J'ai deux certitudes dans cette affaire, explique dans Les Voix du Crime Bruno Stabenrath, ami d'enfance de celui qui est devenu suspect numéro 1. J'ai la certitude que Xavier est coupable (...) et la deuxième chose, c'est que j'ai aussi la certitude et l'intuition qu'il est toujours vivant." Deux hypothèses qu'il détaille dans son livre L'Ami impossible paru aux éditions Gallimard en octobre 2020.

Xavier, c'était un mec bien jusqu'à la veille des crimes

Bruno de Stabenrath, ami d'enfance de Xavier Dupont de Ligonnès

Les deux hommes se sont rencontrés à la rentrée scolaire 1977. Bruno de Stabenrath vient d'arriver à Versailles avec sa mère, il fait sa rentrée avec trois semaines de retard... et une heure de retard en cours d'espagnol. "Le prof m'accueille assez sèchement puis j'arrive au fond de la classe et il y a une table avec un mec qui a une bonne gueule, qui est sympa, il a une petite mèche un peu à la Elvis", se remémore-t-il. Cet homme, c'est Xavier Dupont de Ligonnès.

Les deux adolescents se rendent compte qu'ils habitent dans la même rue et deviennent vite inséparables. Une amitié qu'ils chérissent jusqu'à l'année 2008, date de leur dernière rencontre. "Xavier, c'était un mec bien jusqu'à la veille des crimes, confie Bruno de Stabenrath. C'est sûr qu'après, j'ai découvert qu'il avait fait des choses qui n'étaient pas terribles. Vraiment." Pour lui, Xavier Dupont de Ligonnès était un homme tourmenté. "Il y avait derrière une souffrance colossale", analyse-t-il a posteriori.

Xavier était un garçon très bien élevé, très bien éduqué, avec un sens de valeurs

Bruno de Stabenrath

Une souffrance qui prendrait racine dans la spiritualité de la famille Ligonnès. La mère de Xavier a fondé un groupe de prière (jamais reconnu comme "secte") : l'Église de Philadelphie.

"Philadelphia, c'est l'église la plus pure qui va survivre au grand cataclysme qui va tuer tout le monde", explique avec ironie Bruno de Stabenrath. Au milieu de toute cette organisation qui comprend une cinquantaine d'adhérents, Xavier est "l'élu". Un titre auquel il croira jusqu'en 1995, année où il s'aperçoit que l'apocalypse prédit par sa mère n'aura pas lieu. "Et là c'est un monde qui s'écroule", résume Bruno de Stabenrath.

Certes, l'écrivain décrit Xavier Dupont de Ligonnès comme "un garçon très bien élevé, très bien éduqué, avec un sens de valeurs" mais cet événement va être le déclic du drame qui s'annonce. Problèmes de couples, problèmes financiers, professionnels... Le père de famille perd pied, et c'est, selon Bruno de Stabenrath, ce qui l'aurait conduit à commettre l'irréparable.

>> Les Voix du crime sont avocats ou avocates, enquêteurs ou enquêtrices, proches de victimes, de suspects ou de coupables. Ces témoins-clefs se confient au micro de Diane Douzillé, Jérôme Florin et Jean-Alphonse Richard. Des témoignages inédits, qui apportent un éclairage nouveau sur la justice et les grandes affaires criminelles d’aujourd’hui.


Une fois par mois, l'une de ces Voix du crime nous raconte son point de vue sur une affaire criminelle. Un podcast RTL. 

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